Dans cet article, je profite de ma récente visite chez Silvia Duché🎙 , fondatrice de l’agence de traduction et interprétariat Melting Trad, pour revenir sur l’un des fondamentaux de l’accueil du visiteur : la traduction des messages. 🤔L’une de ses remarques m’a en effet beaucoup interpelée… Alors que je lui demandais quelles étaient les ❌ “erreurs” de brief qu’elle rencontrait le plus souvent dans son quotidien professionnel, j’ai eu la surprise de l’entendre me répondre :
“[Les lieux culturels] ont tendance à oublier qu’il y a une culture autour de la langue.”
🤓📋 Et de devoir ainsi renvoyer ses clients avec une liste de “devoirs” à rendre pour le traducteur ou l’interprète !
💡Alors, si vous voulez gagner un peu de temps, voici les quelques fondamentaux à retenir quand vous vous lancez dans la traduction de vos supports :
Traduire, pourquoi ?
Traduire, pour( )quoi ?
🕯L’étymologie de “traduire” est double : en ancien français, on lui préférait le terme “translater”, que l’on retrouve en anglais (translation) par exemple. Au 15ème siècle, on l’a associé au latin traducere : “trans-ducere” > “conduire au-delà de” et par extension, “faire passer d’une langue dans une autre“. Sources : CNRTL et Wiktionnaire
🌍”Traduire” évoque donc, par essence, le mouvement, le déplacement. Dans sa signification intrinsèque, la notion-même de visite, et donc d’accueil, est présente ! 📢Traduire, c’est accueillir, tout simplement.
Traduire, pour qui ?
Traduire, pour qui ?
Pour tout le monde ! En effet, dans le domaine de la culture et du patrimoine, j’estime que la traduction est l’une des formes de la médiation. Les lieux touristiques et culturels travaillent au quotidien à rendre accessibles leurs contenus à différents types de publics : c’est ce qu’on appelle “la médiation”. Traduire un texte ou un discours ou un panneau dans une autre langue vivante, c’est bien de la médiation. Ainsi, traduire devrait être une préoccupation autant du service des publics que du service de la médiation.
En résumé, quand on pense “traduction”, on doit penser autant aux publics qui ont une autre langue natale qu’à leurs besoins en tant que visiteurs : touts-petits, jeunes, aînés, néophytes, connaisseurs, empêchés etc. Ou, à l’inverse, quand on pense “médiation”, on devrait automatiquement penser “traduction”…
Traduire, comment ?
Traduire, comment ?
Donner le contexte
Spontanément, lorsqu’on pense traduction, on pense “passage d’une langue à une autre”. On va donc remplacer, par exemple, “Bonjour !” par “Hello!”, ou “Bienvenu !” par “Bienvenido !” Et hop, c’est plié. 😉Merci Google Trad.
Sauf que… “Bonjour !” peut aussi être traduit par “Good morning!” ou “Good afternoon!”, et “Bienvenue !” par “Bienvenida !” Et tout le monde a déjà fait l’expérience d’un texte un peu plus long passé à la moulinette de Google Trad, avec des résultats… plus qu’approximatifs 🤪 !
Ce qui va permettre une vraie, bonne traduction, c’est la prise en compte du contexte : le moment de la journée, le lieu où est positionné le message (accueil, site internet, sous-titrage, doublage…), le ton du discours (familier, universitaire, administratif…), l’interlocuteur principal auquel on s’adresse etc. Ce contexte est indispensable pour que le propos final corresponde à ce dont l’interlocuteur a l’habitude dans sa langue natale. C’est un élément incontournable du brief transmis à l’agence de traduction ou à l’interprète.
Agence de traduction ou intelligence artificielle ?
“Passer par un traducteur “humain”, c’est du perfectionnisme”, penseront certains. Ce n’est pas mon avis. Dans les métiers de l’accueil, j’estime que c’est une question de professionnalisme et de respect. OK, un visiteur venu en France n’est pas surpris que la plupart des messages soient en français. Mais qu’aura-t-il retenu de notre culture si absolument tout n’est disponible qu’en français, ou dans un anglais ou un espagnol littéral ?
😊Pour sourire un peu, ci-dessous quelques traductions en français approximatives, trouvées sur le net :
À l’heure où je rédige cet article, les solutions de traduction automatique se démocratisent, et offrent des solutions “pratiques” au quotidien. Mais pas encore parfaites. Un bon compromis, en temps et en budget, peut donc être l’alliance des deux univers : une pré-traduction automatisée – par un logiciel de traduction professionnel, et non par “vous-savez-quoi”😑 – corrigée et réadaptée par un traducteur professionnel “humain”. La perfection restant quand même la traduction complète par un professionnel…😉
📋✍️Mémo brief traduction ✔document source ✔ contexte ✔ langue de destination, pays où cette langue est principalement parlée ✔ support de destination (sous-titrage, site internet, roman, livret pédagogique…) ✔ public auquel le texte / l’audio est destiné ✔ délais ✔ budget
La traduction est l’un des outils de la diffusion des savoirs. C’est aussi un outil de partage. Alors soignez vos traductions !✨
Dans mon précédent article, j’ai identifié la passion, le sens et le partage comme ingrédients indispensables à la réussite à long terme d’un projet dans le domaine touristique et culturel. Je vous propose de découvrir à présent les 3 autres ingrédients incontournables :
🔄 Partager, ça marche à double sens.Si les propriétaires et gestionnaires aiment transmettre, ils aiment aussi recevoir. D’abord, nous avons tous besoin régulièrement de la petite tape dans le dos qui nous dit “Good job!” 👍. Certes, elle n’arrive que dans les bons jours ; mais elle arrive, et il faut savoir s’en nourrir. Et puis il y a les jours moins faciles, où les “pétouilles” s’enchaînent, où l’on aurait préféré rester au lit. Pourtant, ces jours-là sont aussi ceux où l’on apprend ✍ le plus de choses : sur soi (en tant que propriétaire ou gestionnaire, se rappeler pourquoi on fait cela fait parfois du bien) et surtout sur nos publics.
👂 écouter son visiteur est fondamental, c’est l’élément central de tout projet réussi : 😍 ce qu’il aime doit être valorisé, amélioré ; 😤 ce qu’il n’aime pas doit être décortiqué (soit pour être amélioré, soit pour être abandonné) ; 😑 ce qui le laisse indifférent est aussi un indicateur sur ce qui doitpotentiellement être éliminé ; 🤔 ce qui lui manque doit être envisagé. Sans cette écoute, il ne peut y avoir de connexion 🔀. Lorsqu’on est totalement déconnecté des besoins et envies des visiteurs, ça s’appelle la politique du doigt mouillé. On ne tient pas facilement un cap, à ce jeu-là…
Mon visiteur aime ou n’aime pas : comment savoir ? 🤷♀
🛠 Il existe de nombreux outils, gratuits ou payants, qui permettent de suivre les aspirations des visiteurs et les tendances. Parmi eux, le livre d’or s’est dématérialisé depuis quelques années, offrant du même coup traitement des données et démultiplication des opportunités d’échange (la collecte de données étant au cœur de la stratégie). Dans l’offre présente sur le marché, on peut citer Guestviews, Civiliz, ou bliwe. (Liens non sponsorisés)
Une veille des principaux réseaux et plateformesde réservation – Trip Advisor en tête – permet de ne pas passer à côté des éventuels points noirs de la visite (et permet, au passage, d’échanger avec les visiteurs). ⏱ Certes, cela demande du temps. Certes, ce n’est pas toujours agréable à lire. Parfois – ou souvent je vous le souhaite ! – c’est l’inverse : tout est positif.
Positifs, négatifs, mi-figue mi-raisin : ces avis, ces données, c’est de l’or. Oui, de l’or. D’abord, cela vous donne directement accès à vos visiteurs. Individuellement. Le Graal du marketing ! Ensuite, consulter ces données, les analyser, y répondre, c’est un investissement sur le long terme.
✅Compilées, étudiées, mises en perspectives, ces données sont des bases concrètes, qui permettent d’orienter une stratégie, de convaincre un partenaire potentiel, de recentrer son activité ou au contraire de la diversifier etc.
C’est également un trait commun à tous les lieux que j’ai eu la chance de visiter et d’apprécier au cours de mes pérégrinations. Ceux qui ont soulevé le plus d’émotions sont aussi ceux qui accordaient le plus de souci au sens du détail.
😈 « Le diable est dans les détails » : il suffit d’un détail négligé pour faire échouer tout un projet.
✍ Je vous propose deux exemples, dont un qui ne fait pas l’unanimité dans le monde du patrimoine – mais je vais vous dire pourquoi il faut s’y intéresser. Mon premier exemple concerne en effet le plus grand « divertisseur » de notre planète : Disney. Disney, c’est le storytelling universel qui s’est immiscé jusque dans les derniers recoins de nos maisons. Pourquoi? Parce que les équipes projets chez Disney sont guidées – contractuellement ! – par le même credo depuis l’origine : le souci du détail. « Si ce n’est pas parfait, si ce n’est pas fluide, si ce n’est pas agréable et confortable, si ce n’est pas homogène, et si ce n’est pas personnalisé, alors on continue. Jusqu’à ce que toutes ces cases soient cochées. » (source : https://www.powertrafic.fr/disneyland-paris-strategie-marketing-de-lexperience/).
🧙♂ De même, lorsque j’ai visité le studio Warner Bros, The Making of Harry Potter à Londres, il n’y a qu’une chose qui m’a frappée et accompagnée durant toute la visite : le nombre – littéralement – incalculable de détails, et la qualité d’orfèvre avec laquelle ils ont été recréés pour les films. Certes je l’avais remarqué dans les livres de JK Rowling. Puis dans les films. Mais de les voir tous rassemblés dans cet espace est une sensation qui serait à la limite de l’étouffement, si les plafonds n’étaient pas si hauts ! 😅 Heureusement, ces objets, ces détails, sont répartis tout au long des 7 tomes de son oeuvre, convertissant l’histoire originale et sympathique de ce jeune sorcier en un univers complet dans lequel des millions de lecteurs de tous les continents se sont immergés avec passion. Une passion qui, d’ailleurs, se transmet de génération en génération…😉 (cf. l’ingrédient indispensable n°3 : le partage – et sa “cousine” la transmission).
La qualité version French touch 🏉
Plus proche de nous – voire carrément local en ce qui me concerne 😉 : l’ASM Expérience, au stade Marcel Michelin, à Clermont-Ferrand. Unique espace muséal entièrement consacré au rugby en France (et en Europe j’ai cru comprendre). Savez-vous quelle est la surface du lieu ? 600 m². Ce n’est pas énorme. Mais c’est largement suffisant pour vivre une expérience complète et de qualité 👍 :
vous y passerez au minimum 1h30 ;
vous ne vous y ennuierez pas, même si vous n’y connaissez rien au rugby ;
vous en ressortirez en ayant appris beaucoup de choses ;
vous aurez souvent eu l’occasion d’interagir et de partager avec vos compagnons de visite ;
vous aurez interagi avec pas mal de dispositifs ;
et il se peut même que, si vous ne vous intéressiez pas au sujet avant, vous ayez envie au moins une fois de revenir sentir l’atmosphère qui fait vibrer “le Michelin” tous les week-ends !
🤔 Pourquoi ? Parce que le parcours est un cabinet de curiosité géant et organisé, regorgeant de détails à la gloire de ce sport, de ce club et de ceux qui le font vivre :
[🚨SPOILER ALERT] Les 6 points qui suivent sont le B.A BA d’une scénographie et d’une muséographie réussies :
le lieu a été conçu dans les règles de l’art de la scénographie 💎 : vous êtes pris par la main, invité à suivre une seule direction de façon intuitive et rassurante ;
il propose une alternance de dispositifs de médiation qui font appels à tous les sens (sans débauche excessive d’écrans) ;
il raconte UNE SEULE histoire, celle du club de rugby ASM Clermont Auvergne ;
il raconte toutesles petites histoires : les fameuses petites histoires dans la grande histoire qui rendent la grande histoire humaine et accessible ;
il plonge le visiteur dans un univers complet : couleurs, bruits, codes, figures emblématiques… remuent ses émotions ;
il permet, ultime émotion, de rapporter un bout de cette expérience chez soi (photobooth et boutique de produits dérivés concluent le chemin, deux incontournables d’un parcours et d’une communication efficaces).
🤓 Où veux-je en venir avec tous ces exemples ? 👉Le mot clé de cette démonstration est IMMERSION : lorsque vous embarquez un visiteur dans votre histoire, il ne faut pas qu’il y ait le moindre trou, la moindre incohérence, la moindre interrogation. Avez-vous déjà lu un livre en parcourant le chapitre 1, puis en passant directement au 3ème puis au 7ème etc. ? Non ! Cela ne vous viendrait même pas à l’esprit (à moins de vous ennuyer et d’avoir hâte d’arriver à la fin, ce qui n’est pas bon signe non plus pour un lieu touristique !).
📖🎥Un lieu touristique fonctionne finalement selon les mêmes codes que la littérature ou le cinéma : il faut un début, un milieu et une fin. Il faut un fil rouge. Il faut des repères. Il faut des personnages. Il faut un univers, avec ses objets, ses codes, ses couleurs et ses senteurs. Si l’un des éléments manque, s’il y a un trou dans l’histoire, la proposition est bancale, et ne peut pas fonctionner. Bref, il faut une histoire complète.
Seule la qualité permet l’immersion, la vraie. L’immersion fait réagir les émotions. Les émotions créent des souvenirs indélébiles.
Sans qualité, il n’y a pas de projet.
6 LE RESPECT
Le respect
❤ Le respect est finalement la valeur fondamentale au cœur de tout projet touristique. Respect du lieu, de l’histoire, du monument d’une part. Respect des personnes, d’autre part : celles qui gèrent le lieu, et celles à qui on propose de visiter ce lieu, de découvrir cette histoire.
Ayez confiance en vos visiteurs ! 🤝
Une anecdote qui m’a marquée : en 2019, j’ai collaboré à la création d’une exposition très importante, sur les plans humain et politique. En effet, sur plus de 1200 m², la ville de Vichy (Allier), voulait valoriser auprès de ses habitants ses 2000 ans d’histoire. L’objectif était que chacun puisse se réapproprier cette histoire, et participe à défendre la candidature de la ville auprès de l’UNESCO avec 11 autres villes thermales européennes.
Vichy compte 25 000 habitants, n’a pas de musée municipal et compte 2 musées qui totalisent moins de 10 000 entrées annuelles. En faisant un raccourci rapide et volontairement simpliste, on pourrait dire qu’on s’apprête à accueillir une population qui ne maîtrise pas les codes muséaux outre mesure. Cette exposition a pourtant accueilli plus de 30 000 visiteurs en 3 mois. Or, aucune, je dis bien aucune dégradation n’a été constatée.
Il y avait pourtant de nombreuses vitrines et objets fragiles, d’aussi nombreux dispositifs multimédia, et une dizaine de modules de médiation par la manipulation à destination des jeunes publics. Ces derniers étaient notamment composés d’aimants aux graphismes travaillés. Au total, plus de 500 œuvres exposées. Eh bien, rien n’a été dégradé, rien n’a disparu, nada.
Le lieu était lui-même exceptionnel : le palais des congrès – opéra de Vichy, un bâtiment dont les premiers éléments datent de 1865 sur une commande de Napoléon III. Aujourd’hui classé Monument Historique, il abrite un palais des congrès et le seul opéra de style Art nouveau de France. L’exposition a quant à elle été particulièrement saluée pour l’exceptionnelle qualité de sa scénographie : tous les compliments ont souligné le geste par lequel le scénographe, Jean-Michel Fiori, agence Origami#ni, a su inscrire une scénographie volontairement moderne dans l’écrin que composaient les salles mise à sa disposition au Palais des congrès.
Qui a envie d’abîmer quelque chose de beau ? Pas grand monde, en réalité. Respectez vos visiteurs, offrez-leur le meilleur, et vous en serez toujours récompensés.
Si vous m’avez lue jusqu’ici, d’abord MERCI 😉. Il se peut qu’en effet, au fil de la lecture, l’idée que je n’aie pas inventé le fil à couper le beurre vous ait traversé l’esprit. Peut-être même que j’enfonce des portes ouvertes (oui, j’aime les vieilles expressions 😄).
🤜 Rassurez-vous : oui, j’enfonce des portesouvertes. Presque par militantisme. Tout simplement parce que je constate, sur le terrain, que les projets où ces 6 ingrédients ne sont pas réunis sont des projets voués à l’échec. Soit leur mise en oeuvre est tellement chaotique qu’ils en sont douloureux à réaliser pour toute l’équipe. Soit l’un des ingrédients disparaît au fil de l’eau et le projet s’étiole.
📌 Le but de cette publication est de servir – humblement – de mémo. Pour que vous puissiez revenir aux fondamentaux, de manière argumentée. Pour retrouver les raisons des difficultés ou de l’abandon de votre projet. Et qu’avec un peu de chance, pris à temps, vous puissiez mettre le doigt sur le rouage grippé. Et mettre rapidement en oeuvre des solutions pour relancer la machine et aboutir finalement au succès de votre projet 🎉.
Pour en savoir + sur les services proposés par Comptoir Visiteur
🖋 Dans mon précédent article, je vous racontais comment mon parcours de vie m’a conduit à fonder Comptoir Visiteur. J’y listais un certain nombre de principes, de valeurs, qui font selon moi le succès d’un projet touristique et culturel. Ces principes sous-tendent l’ensemble des projets que j’accompagne.
Dans cet article et le suivant, je détaille les 6 ingrédients qui sont, à mon sens, indispensables. Je ne parle pas de la présence aléatoire de l’un ou de quelques-uns des 6. Non, pour moi c’est très clair : il faut les 6, présents, palpables, vivants ✅.
1 LA PASSION
La passion
C’est le trait commun à toutes les personnes que je croise dans ce métier. Vous pourrez me dire qu’on la rencontre dans bien d’autres domaines. C’est vrai. Pourtant, je n’ai pas encore rencontréquelqu’un qui gère un parc d’attraction, un musée, un zoo, un espace naturel, un monument historique etc. et me dise : « Je ne sais pas ce que je fais là. » Jamais. Nada. Niet. Je ne rencontre que des gens qui se dépassent chaque jour pour que les visiteurs viennent découvrir le lieu dont ils s’occupent. Attention, je ne suis pas naïve : ce n’est pas rose tous les jours. Mais ce qui fait tenir bon, ce qui pousse à se remettre en question, à progresser, à améliorer le lieu : c’est la passion 🔥.
Passion du lieu : amour de l’histoire, de l’esthétique, de la raison d’être du lieu ;
Passion du partage : tous ceux que je côtoie ne sont heureux que lorsqu’il y a de nombreux visiteurs qui déambulent avec le sourire.
À l’ASM Expérience, dans le Puy-de-Dôme, la passion est au cœur du projet.
✔ Forte de ce constat, j’en ai déduit qu’il ne peut y avoir de projet touristique authentique et durable sans passion. Que ce soit le gérant d’un hôtel, d’une chambre d’hôte ou d’un restaurant, le propriétaire d’un château ou le gérant d’une hutte de location de kayaks, l’équipe qui gère le plus grand musée du monde ou celle d’une petite ville nichée au creux d’un vallon qui gère son musée municipal, tous partagent ce sentiment : leur passion, et la conviction inébranlable de leur devoir vis-à-vis de ce lieu. D’une façon ou d’une autre, chaque gestionnaire a un rapport personnel au lieu qu’il gère, une histoire qui le lie à ce lieu 💝. Il y a l’héritage familial, bien sûr. Mais il y a aussi le coup de cœur, ou l’envie de créer quelque chose, ou l’envie de transmettre quelque chose etc. Toujours, un sens – caché ou évident – pousse à la gestion d’un lieu touristique et culturel, qui dépasse la simple considération économique.
Au fait, c’est quoi, la “passion” ? 🤔
Étymologiquement, la passion, ce n’est pas fou-fou : le mot vient du latin passio qui signifie souffrance. Et passio vient lui-même du verbe patior, « souffrir, éprouver, endurer », qui sont tous des états passifs. 😓 Mais entre douleur et plaisir, il n’y a qu’un pas, que la langue française a franchi allègrement : la passion est ainsi devenue un sentiment vif, une émotion positive forte, voire une une attraction irrésistible 😍 (source : https://fr.wiktionary.org/wiki/passion).
Celles et ceux qui gèrent un lieu touristique vivent leur passion aux deux sens du terme.
Sans passion, il n’y a pas de projet.
2 LE SENS
Le sens
Qui dit passion dit sens (si si !). Pour qu’il y ait un sentiment si fort, c’est qu’il y a une raison, un sens à tout cela. Qu’il soit rationnel ou purement émotionnel, peu importe 😉. Le sens peut venir du propriétaire qui veut trouver un sens à sa vie et au choix qu’il a fait de sauvegarder ce lieu. Il peut venir de la mission de l’association ou de la fondation, qui a été créée pour sauvegarder ce monument ou ce qu’il abrite. Il peut venir du choix d’une municipalité d’ouvrir un lieu pour ses habitants, pour les enfants de ses habitants, pour créer une activité économique qui soutienne la vie du village…
Au château de Roquetaillade, en Gironde, le sens est au cœur du projet familial.
Le sens est le moteur du projet. Mais aussi son garde-fou.
❗ Les visiteurs sentent lorsque le sens fait défaut. Lorsque, pour les attirer, on se met à démultiplier les attractions sans lien les unes avec les autres… Lorsqu’on ne prend pas garde à valoriser, tout au long du parcours, le même fil conducteur, la même et unique histoire. Sur le moment, on – le visiteur – ne s’en rend pas forcément compte, et passe peut-être même un bon moment. Comme un enfant, il passe d’un jouet à l’autre et la journée est bien remplie. ❓ Mais la journée terminée, quelques jours ou semaines plus tard, de quoi se souviendra-on ? Quelle émotion restera-t-il ? Aura-t-il envie de recommander le lieu ou d’y revenir l’année-même ?
☝ Le sens avant la technologie
À titre d’exemple, je mets toujours en garde mes interlocuteurs sur la propension naturelle à vouloir utiliser absolument les nouvelles technologies (réalité augmentée et virtuelle en tête), ou à investir dans des attractions à sensation qu’on retrouvera dans d’autres parcs, quasi identiques. Les unes comme les autres sont des investissements coûteux, pour peu que l’on vise la qualité. ➡ Si le dispositif ne s’inscrit pas avec fluidité dans le parcours, ou s’il ne contribue pas à la fidélisation des visiteurs et nécessite d’être renouvelé dans les deux ans qui suivent, pour moi c’est un échec.
Le travail qui doit être fait, en amont, est celui du sens : ✨ la raison d’être d’un site touristique et culturel est ce qui doit guider chaque action, chaque investissement, chaque réflexion. Ce réflexe permet de mettre en oeuvre une histoire.
Sans sens, il n’y a pas de projet (durable).
3 LE PARTAGE
Le partage
Le partage est très lié à la passion. Je n’ai en effet jamais rencontré de propriétaire ou de gestionnaire qui n’utilise ce mot toutes les deux phrases : partage (sa cousine « transmission » est également très présente😉). Nous sommes des animaux sociaux. Ce que nous vivons ne prend toute sa dimension que si nous pouvons le partager avec quelqu’un.
Je connais le propriétaire d’un château, par ailleurs entrepreneur, grand-père de nombreux petits-enfants, et dont la vie est déjà remplie d’innombrables obligations. Pourtant, chaque été, il continue d’intervenir à la fin de presque toutes les visites de son château. Pourquoi ? 🤝 Pour ressentir et partager l’émotion que son château a procuré à ces visiteurs devenus invités l’espace d’un après-midi. Pour partager avec eux son bonheur d’avoir pu faire renaître de ses cendres ce château en ruine 🏰. Pour leur transmettre sa joie de s’amuser au chevalier grandeur nature.
ℹ On pourra m’opposer que le nombre de voyageurs solo est en plein croissance (1 voyageur sur 5 selon Travelzoo en 2019). Pour moi, cela n’est pas contradictoire. Car une fois en vadrouille, je mets ma main à couper que les rencontres et les échanges font partie intégrante de l’expérience (je ne trouve pas de chiffre sur le sujet, mais je suis preneuse si vous en avez 😉).
Cet épisode de confinement aura confirmé une chose : nous sommes des êtres sociables, et nos vies ont retrouvé de leur saveur le jour où nous avons pu à nouveau les partager.
Sans partage, il n’y a pas de projet.
Passion, sens partage… Si cette approche vous intéresse, je vous invite à découvrir très prochainement les 3 ingrédients complémentaires – argumentés et illustrés d’exemples – que je juge indispensables pour la réussite d’un projet touristique et culturel : écoute, qualité, respect.
Vous avez un projet ? Envie de passer à l’action ?